Kafra-Biatanga

Année de publication: 1973

 

KUM'A N'DUMBE III Alexandre        Kafra-Biatanga, traduit de l'allemand par Yvette Revellin,  collection "Théâtre africain", n°22, P. J. Oswald, achevé d'imprimer en janvier 1973 par Daniel Chénel imprimeur à Honfleur. -79p.

Sous le titre Sang et or, de l'Afrique à la Bretagne,  Renée Saurel consacre un important article dans Les Temps modernes (n°339, octobre 1974), à plusieurs pièces éditées par P. J. Oswald : Süd-Afrika Amen d'Anne Barbey,  Mort d’Oluwemi d’Ajumako de Maryse Condé, Ventres Pleins Ventres Creux de Daniel Boukman, Oratorio - Le sang des feuilles mortes de Numa Sadoul, Le Printemps des Bonnets Rouges de Paol Keineg. Voici le texte  de l’extrait portant sur Kafra-Biatanga et Amilcar Cabral d'Alexandre Kum'a N'dumbe III.

" L'auteur de ces deux pièces est né au Cameroun, ancienne colonie allemande. Il a fait ses études secondaires en Allemagne, puis supérieures en France et prépare une thèse de doctorat d'histoire sur le thème : «La politique africaine de l'Allemagne à l'époque de Hitler.» Il écrit indifféremment en allemand et en français. Kafra-Biatanga  l'a été en allemand et c'est Yvette Revellin qui l'a traduit en français. Tout va très vite en Afrique, la course à l'uranium ne souffrant aucun répit. La «tragédie» (comme on disait dans la grande presse) du Katanga et du Biafra n'est pas si ancienne et pourtant elle s'estompe déjà dans nos mémoires, laissant toutefois le souvenir de l'énorme confusion, savamment créée puis entretenue, qui présida à son déroulement. En choisissant pour titre Kafra-Biatanga, l’auteur illustre de façon comique cette confusion. Il veut dire aussi, plus généralement, que le «Kafra», c'est n'importe quelle république d'Afrique et le «Biatanga» sa région la plus riche en ressources, les intérêts et les procédés du grand capital étant partout les mêmes.
Écrit en 1970, Kafra-Biatanga est découpé en douze scènes. Au procédé du théâtre-document, l'auteur ajoute celui du «théâtre dans-le-théâtre» et pour parler franchement je ne crois pas que le résultat soit très convaincant. De cette accumulation ne naît pas un surcroit de théâtralité, et, si la pensée est ici rigoureuse, le didactisme pèse un peu lourd. Il n'empêche que la pièce se lit avec intérêt. On y voit, dans une quelconque nation industrielle, un agent pétrolier, un agent minier, un président, le propos de l'agent pétrolier étant de parvenir à arracher au gouvernement du Kafra une licence exclusive d'exploitation des gisements pétrolifères découverts au Kafra. L’agent minier, lui, défend les intérêts d'une société qui exploite les gisements d'uranium du Biatanga. La solution, pour le capital, est dans l'union en dépit des rivalités, des divergences : tout désaccord profite au «nègre»  Et parmi ces «nègres», il en est qui sont tout acquis à l’ex-puissance coloniale et se comportent comme ses agents. Les intellectuels : un historien et un sociologue viennent à la rescousse. Ils expliquent que dès 1720  «quatre puissants royaumes nègres» se battaient pour l'hégémonie au Kafra et ajoutent que «ce grand combat, lié au commerce des esclaves qui dépeuplait le pays et détruisait toute base économique, aplanit le chemin des colonialistes». Leur avis est qu'il faut exciter les oppositions tribales, créer des incidents, mettre la grande presse dans le coup, fonder, par exemple, un Comité des droits de l'homme pour le Biatanga, lancer un S.O.S. à l'O.N.U., bref, faire appel à ce bel humanisme dont le pavillon couvre les plus sordides, les plus sanglantes opérations du capitalisme.
L'autre pièce d'Alexandre Kum'a N'dumbe III est encore à l'état dactylographié. Elle a pour titre Amilcar Cabral.»  

 

 

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