Les Immigrés

Année de publication: 1973

 

KRAEMER Jacques        Les Immigrés,  collection "Théâtre en France", P. J. Oswald, achevé d'imprimer en octobre 1973 par Daniel Chénel imprimeur à Honfleur. – 106p. Première de couverture : montage d’après un tableau de Magritte.

« Les personnages appartiennent à la petite, la moyenne, la bonne bourgeoisie. On ne trouve en scène ni le grand patronat, ni la classe ouvrière, ni les immigrés. L’histoire de l’immigration a été transposée dans une fable fantastique, l’histoire des anthropomorphes (…) pour éviter un double écueil : le naturalisme, la caricature grossière ».

Le texte de la pièce est suivi d'extraits du dossier de mise en scène et d'une sélection de critiques parues dans la presse signées Jean-Pierre Léonardini de L'Humanité, Philippe de Vignal de Politique Hebdo, Jean-Paul Liégeois de L’Humanité-Dimanche, Jacques Poulet de France Nouvelle.

Pièce créée le 16 mai 1972 à Metz par le Théâtre Populaire de Lorraine, mise en scène de Jacques Kraemer, dramaturgie de René Loyon, scénographie de Yannis Kokkos. Trois comédiens (Patrick Larzille, René Loyon, Chantal Mutel) jouent les  cinquante personnages divers présents dans les dix-sept saynettes.

Voici l’article de Colette Godard paru dans Le Monde du 17 juin 1972. «Quelques bidons peints en rouge, en jaune ; des balais ; des boulons; des écrous ; des lampes à souder. Trois comédiens : Patrick Larzille, René Loyon, Chantal Mutel, qui changent de fonctions et de rôle dans chacune des dix-sept "saynètes" du spectacle présenté au Théâtre des Deux-Portes par le T.P.L. (Théâtre populaire de Lorraine) : Les Immigrés, texte et mise en scène de Jacques Kraemer. Sur le mode du pastiche, le T.P.L. remonte aux sources du colonialisme, c'est-à-dire la traite des   "anthropomorphes", leur exploitation, la montée insidieuse du racisme. Les anthropomorphes représentent tout ceux qui, parce qu'on ne peut les comprendre d'emblée, sont considérés comme inférieurs : les Africains, les Algériens et les Portugais, mais aussi les handicapés. Le spectacle expose les divers aspects d'un "chauvinisme ordinaire" à peine méchant, rarement agressif, pas même idéologique, simplement provoqué par la méfiance et la peur de l'inconnu, de l'étranger, et montre l'inconscience avec laquelle les "braves gens" désignent les étrangers comme boucs émissaires et se dédouanent en cédant au pathos et à la charité publique. Sans que l'on voie jamais ni le patron ni l'anthropomorphe, la situation politique du sous-prolétariat apparaît toujours derrière les manifestations d'un racisme parfois nonchalant, toujours dangereux. Le spectacle se présente comme une suite de caricatures s'enchaînant dans un rythme régulier. Les situations, les personnages, les textes sont évidemment simplifiés. Le jeu des comédiens suit ce même parti pris dans un sens que le T.P.L. définit comme "un certain expressionnisme comique". Mais il ne tombe pas dans le piège des idées générales et généreuses. Il parle de faits précis. Et la force du spectacle tient à cette précision, à la justesse de la caricature. Dans ce qui est dit et montré.»