Quelle heure peut-il être à Valparaiso ?

Année de publication: 1975

 

DEBAUCHE Pierre   Quelle heure peut-il être à Valparaiso ? opéra d'exil et de lutte de Pierre Debauche, musique de Sergio Ortega, textes chantés de Pablo Neruda, couverture recto d'après l'affiche de José Balmes, texte au verso de Jean Marcenac, série "Théâtre en France",  P.J. Oswald, février 1975. -174p.

Outre le texte de Debauche, le livre contient des photos d'Alain Fonteray et de l'agence Gamma sur le coup d'État de Pinochet ainsi que le fac-similé de l'intégralité de la partition de Sergio Ortega. Le texte majoritairement en français contient des passages écrits en  espagnol, et aussi en arabe, malien, portugais et ponctuellement en hébreu, russe, chinois, dogon, grec, japonais, turc, basque, breton, catalan, flamand... Il contient aussi un fac-similé d'un entrefilet du Monde du 19/12/1974.

L'opéra en neuf tableaux commence par l'arrivée à Nanterre de Joaquin Murieta, sa tête sous le bras comme Saint Denis, à la rencontre d'autres exilés (malien, portugais, algérien)...

Création au Théâtre des Amandiers, centre dramatique national de Nanterre (direction : Pierre Debauche / Xavier Pommeret) le 24 janvier 1975, la première ayant eu lieu à Angoulème, sous chapiteau, le 8 janvier 1975.

Mise en scène Pierre Debauche, scénographie Marc Bonseignour, costumes de José Balmes et Gracia Barrios, avec  le Groupe Canto General,  les chanteurs Marc Ogeret, Francesca Solleville, les musiciens Richard Galliano, Guy Bardet, Michel Lorin, René Nicolas, Pierre Nicolas et les comédiens Didier Attar et Frédéric Frisdal, Françoise Danelli, Akonio Dolo, Teddy Lacerda, Humberto Loredo, Louis Samier, Anny Weinberger, Mohammed Yousli, Philippe Hutinet, Wolfram Kremer, Daniel Raguin.

Voici la critique de Colette Godard, parue dans Le Monde du 1er février 1975 : "L'idée initiale de Pierre Debauche, en composant Quelle heure peut-il être à Valparaiso ?, était de montrer les exilés chiliens à Nanterre mêlés aux émigrés africains ou portugais, de montrer l'ensemble des travailleurs de Nanterre politiquement menacés par l'expansion des riches. Joaquin Murieta, le révolté martyr dont Pablo Neruda a raconté la splendeur et la mort, revient parmi nous. Il rencontre un enfant à qui il est censé apprendre les ruses du capitalisme et la permanence des luttes de classes. Le public doit suivre le même chemin que ce jeune garçon. À travers des poèmes, des chansons, des documents. À travers les langages du théâtre, il doit comprendre la nécessité de combattre l'ennemi commun. On quitte bientôt la situation particulière de Nanterre, et les idées générales foisonnent. On suit difficilement un discours qui refuse la dialectique, mais cultive la littérature, semble parfois s'adresser à des analphabètes, procède ailleurs par allusions, clins d'œil, références. Références surtout à 1789, d'Ariane Mnouchkine : mêmes dispositions scéniques (quatre estrades et les spectateurs debout au milieu), ambition parallèle. Ici aussi il s'agit de raconter "autrement" l'histoire, mais le spectacle du Théâtre du Soleil était construit sur une idée directrice très forte, sur une analyse très élaborée. Quelle heure peut-il être à Valparaiso ? semble flâner au fil d'une pensée brouillonne dont l'incohérence déconcerte. Les scènes qui se passent au milieu du public ne l'entraînent pas, elles se laissent enfermer par lui. Et comment participer à cette situation absolument fausse ? Les acteurs chiliens exilés à Nanterre accomplissent des gestes qui sont dérisoires face à la réalité qui les a brûlés, une réalité qui écrase le théâtre."  

Sur le coup d'État de Pinochet au Chili le 11 septembre 1973, P.J. Oswald a également publié deux autres pièces de théâtre : Pacifique Chili de Maurice Regnaut (juin 1974), Chile vencera de Juan Fondon (juillet 1974).