Sarcelles-sur-Mer

Année de publication: 1973

 

BISSON Jean-Pierre         Sarcelles-sur-Mer,  couverture de Bernard Latet, collection "Théâtre en France", P.J. Oswald, achevé d'imprimer en mars 1973 par Daniel Chénel imprimeur à Honfleur. -92p.

  « Jean-Pierre Bisson inaugure avec force le "printemps des créateurs" de Nanterre. Avec une sincérité goguenarde, une tendresse fougueuse, il raconte une histoire d'amour, il se raconte. Il se souvient du temps où "il grimpait sur la scène comme un affamé", du temps de la passion. Jean-Pierre Bisson raconte le théâtre, en montre les "ficelles", et comment l'artificiel restitue le vrai, le rend plus beau, plus vivace, plus douloureux. Il s'en veut d'utiliser ses blessures et d'aimer les voir représentées. Sur le plateau, face à son double, son interprète (Jean-Luc Moreau), il est l'auteur, le metteur en scène, le maître dérisoire, Narcisse impudique et déchiré, qui fait jouer sa passion, non pour l'exorciser, mais pour la garder vive, pour en retrouver l'exaltation et la souffrance. Il met en scène sa mythologie : la bande des " loulous " (qui, en "ce temps-là", représentaient pour lui la liberté), bande de gamins bagarreurs, désarmés, liés par une connivence chaleureuse, fuyant la médiocrité et l'ennui dans la recherche de sensations à fleur de peau. Et la fille "paumée", toujours prête à aimer (Marie-Paule André, bouleversante). Et puis son amour en robe rose, au visage lointain (Brigitte Rouan). Et aussi (pour "faire plaisir au théâtre de gauche" et par réelle sympathie) des héros de faits divers : le clochard, le cafetier qui prend son fusil et tue, l'Algérien abattu dans un commissariat de police. Jean-Pierre Bisson ne cherche pas le réalisme. Ses personnages parlent comme il écrit, en poètes. Tous les comédiens ont réussi à reproduire la spontanéité, la grâce naïve de leurs modèles, ces "loulous" "qui imitent un peu les voyous chantant et dansant de West Side Story. Sarcelles-sur-Mer n'est pas une dénonciation ni une critique. C'est une  confession sans mensonges des mensonges et des vérités de la vie, de la jeunesse, du théâtre.» Colette Godard, Le Monde, 19 mars 1973.

Pièce créée le 15 mars 1973. Théâtre des Amandiers (Pierre Debauche-Pierre Laville) - M.J.C. de Nanterre. Mise en scène de Jean-François Prévand et Jean-Pierre Bisson, avec
Marie-Paule André (La Mère, Arlette)
Jean-Pierre Bisson (Le Maître)
François Dyrek (Le Père, le Cafetier)
Jean-Paul Farré (Faré)
François Lalande (Le Cafetier, le Clochard)
Joëlle Marin (Annie)
Jean-Luc Moreau (Bernard, Ludovic)
Brigitte Rouan (Lili, Paule)
Ahmed Hasnaoui (L’Algérien)
Jean-François Prévand (Le Pd)
François Lafarge (François)
Alain Vannier (Alain)
Scénographie Michel Anseaume
Musique originale Jean-Jacques Franchin et Pascal Berthier