Lycée Thiers, maternelle Jules Ferry

Année de publication: 1973

    

POMMERET  Xavier    Lycée Thiers maternelle Jules Ferry, pièce en trois thiers-temps, collection "Théâtre en France", P. J. Oswald, achevé d'imprimer en mai 1973 par Daniel Chénel imprimeur à Honfleur. -98p.

Le 27 mai approche. Jour anniversaire de la fin de la Semaine sanglante et de la victoire sur la Commune, c'est un jour de fête pour les élèves du lycée Thiers et de la maternelle Jules Ferry qui rendent hommage chaque année à cette date aux deux piliers de la République dont leurs établissements scolaires portent le nom. C’est à Édouard de Paladines, qui prépare le concours d’entrée à Saint-Cyr, qu'incombe cette année de faire le traditionnel panégyrique d’Adolphe Thiers. Pendant ce temps, à la "maternelle" Jules Ferry, les jeunes filles (10 ans), élèves de la classe d’ Evelyne du Camp, révisent dans le Malet-Isaac le cours d’histoire sur la guerre de 1870 et la Commune de Paris, tout en préparant ce fameux french-cancan qui plait tant à l’inspecteur d’académie et au ministre de l’Éducation nationale... Au contact de Tolain - universitaire, historien reconnu, membre du Parti Socialiste Unifié, homosexuel affirmé - et de sa nièce Clio,  Édouard va découvrir que l'histoire enseignée de la Commune est un mensonge, que "M. Thiers et la bande aux Jules (Trochu, Favre, Ferry, Simon) ont consacré toute leur intelligence et leur énergie à livrer la France aux troupes de Bismarck alors qu'il croyait le contraire."

Création le 17 mai 1973, Théâtre Jean-Vilar, mise en scène d’Anne Delbée, scénographie et costumes de Christine Mandouze, avec Jean-Marie Legendre, Marguerite Lefèvre, Odile Poisson, Alain Moussay, Jean-Bernard Guillard, Gilles Girardin, Bernard Malterie, Christian Roth, Christine Gagnieux, Magali Clément, Christine Moro, Régine Teyssot, Jeanne Vitez, Claire Moget.

Autour de l'Éducation nationale après mai 68, voir aussi SCANT Renata - GARNIER Fernan  Le grand tintouin une création Théâtre action Grenoble, P. J. Oswald, décembre 1973.

Sur la Commune de Paris, voir aussi chez P.J. Oswald : Place Thiers, chronique des temps de la Commune de Paris vus de province d' Yvon Birster, janvier 1971;   Commune de Paris d'André Benedetto, juillet 1971;  Le Printemps de la Sociale d'André Fontaine, mars 1974.

«  Un futur saint-cyrien doit prononcer le panégyrique de Thiers. Il est idéaliste, naïf et confiant. Pendant l'occupation, il aurait pu aussi bien prendre le maquis contre l'envahisseur que se croiser contre le communisme dans la L.V.F. Il rencontre un historien philosophe, maître à penser, intellectuel - bourgeois, lucide-mais-lâche, et homosexuel pour faire bonne mesure. Cependant, le jeune homme ne se laisse pas pervertir. Il devient amoureux de l'Histoire - une blonde jeune fille nommée Clio, - et se rend compte que les manuels scolaires sont tout à fait mensongers. Ainsi, en 1870, l'armée a pactisé avec les Prussiens, les officiers traîtres ont reçu médailles et honneurs, les autres ont été exilés. Thiers n'était pas le sauveur de la France, mais un " affreux ", et les académiciens de l'époque accablaient d'injures Victor Hugo, considéré comme un poète engagé. En contrepoint à cette prise de conscience, des gamines en sarrau noir et pantalons à volants apprennent le french cancan sous la férule d'une institutrice qui leur défend de chanter l'Internationale, et pour qui éducation égale dressage plus formules toutes faites. Xavier Pommeret inverse le manichéisme de ces formules toutes faites : sa jeunesse est pure, sa bourgeoisie est vile, qu'elle soit de gauche ou de droite. Et qu'elle soit de droite ou de gauche, elle est objectivement l'ennemie du peuple, c'est-à-dire des patriotes.La pièce est une suite de citations, de réflexions, de récits faits par des personnages représentant des comportements de classe, les mêmes aujourd'hui qu'hier. Ce parti pris linéaire serait intéressant s'il permettait d'ouvrir sur une réflexion plus large. Mais déjà le décor - plateau et salle séparés par des barreaux - enferme le spectacle. La mise en scène d'Anne Delbée essaie de compenser l'absence de situations dramatiques en accumulant des actions commentaires. Malheureusement, entre ces actions et le texte ne se forme aucun mouvement dialectique, et l'ensemble se noie dans les références esthétiques gratuites.Ronéoter la véridique histoire de la Commune et la distribuer dans tous les lycées Thiers et maternelles Jules-Ferry de France aurait sans doute mieux servi l'ambition de Xavier Pommeret.» Colette Godard, Le Monde, 22 mai.