Le matin rouge - Paroxistique ou Paule

Année de publication: 1969

 

BISSON Jean-Pierre        Le matin rouge suivi de Paroxistique ou Paule, collection "Théâtre en France", P.J. Oswald, décembre 1969. -88p. Photo de couverture de Bernard Latet, Marc Bernard : J.-P. Bisson dans "Le matin rouge"; au verso, critique de Gilles Sandier.

Le matin rouge, pièce pour deux bidons, douze pieds nus, une planche et encore un "hauteur" a été créée  en mars 1969, au Théâtre de Plaisance (111, rue du Château, Paris), dans une mise en scène de Jean-Pierre Bisson, avec : Jean-Pierre Bisson, Jean-Pierre Bretonneau, Rémy Carpentier, François Lafarge, Patrice Marly, Françoise Vercruyssen.

"Le premier travail important, ça été Le matin rouge écrit en 67, monté en 69, juste après 68 au théâtre de Plaisance. Tout le monde a cru que je l'avais écrit après, alors que c'était avant : il y a de barricades, et des trucs comme ça ! J'avais été impressionné par le Living Theatre. On jouait tous pieds nus, et mon art dramatique se résumait à l'absence de musiciens : nous faisions la musique nous-mêmes... Enfin Le matin rouge a été invité au festival de Nancy par Jack Lang, grâce à Gilles Sandier. Qui était très copain avec un de mes comédiens, mon meilleur ami disparu, François Lafarge. C'est la première fois qu'on touchait le grand public : mille huit cents personnes dans  la salle !"  Déclaration de Jean-Pierre Bisson, in Théâtre magazine, n°3, janvier 1980.

La critique de Gilles Sandier en quatrième de couverture parut initialement dans La Quinzaine littéraire ; elle est reprise dans son livre Théâtre et combat, regards sur le théâtre actuel, Stock, juillet 1970. En voici la suite : " ( ...) La pièce de J.-P. Bisson n’est pas une pièce politique, mais elle est pleinement révolutionnaire, si la révolution commence avec la conscience qu’on ne peut plus vivre comme avant. Révolutionnaire aussi dans sa structure, elle ne raconte pas une histoire, elle ne décrit pas l’ancien monde, le nôtre, pour le critiquer : elle le rend visible dans toute l’horreur de sa rhétorique et de sa répression, et du spectacle que cette civilisation se donne à elle-même, dans la famille et dans la guerre, par les moyens de la télévision comme par ceux de l’autel. Contre cette horreur habituelle résistent les forces matinales, ce groupe de jeunes blousons noirs, qui, en la représentant, échappent, eux, pour de bon, à l’apparence.(Genet est passé par là, comme Artaud passe dans la beauté violente du jeu physique.) S’ils jouent, ces garçons et cette fille, car ils jouent précisément le spectacle contre lequel ils se révoltent, c’est en arrachant à la répression ses armes pour les utiliser contre elle, et tout d’abord en rompant avec la formule insidieuse d’intégration qu’est traditionnellement le théâtre. Car Matin rouge n’est pas une pièce, ni même un jeu dramatique (jeu implique détachement), mais une machine d’images qui fonctionne  comme un constant appel à la révolte et au cri, soit qu’elle transpose de façon systématique des montages d’actualité, soit qu’elle utilise des références             «culturelles» au domaine théâtral et pictural et aux stéréotypes religieux : flagellation, mise au tombeau, adoration de la Vierge (autant de Caravage en blue-jeans) ; ce sont là des bribes de culture utilisés pour la subversion de leur contenu contre la culture qui les a transmises. Parce que le langage de ce spectacle et ses thèmes sont directement intelligibles par un public "populaire", un public d’ouvriers et de jeunes, et parce qu’il rompt avec la traditionnelle clôture-sur-soi de la forme théâtrale, ce spectacle peut, sans conteste, indiquer au théâtre une voie." Lire aussi l'article de Gilles Sandier sur Zone rouge d'André Benedetto.

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 Paroxistique ou Paule, pièce pour quatre acte-hommes, quelques musiciens et mille projections, a été créée en octobre 1969, au Grand Palais, dans une mise en scène de Jean-Pierre Bisson avec Jean-Pierre Bretonneau, Dominique Péju, Jean-Pierre Bisson, Jean Guérin, Lionel Magal, Thierry Magal, Bernard Latet, Marc Bernard.