Lazare lui aussi rêvait d’Eldorado

Année de publication: 1976

 

SARRAZAC Jean-Pierre    Lazare lui aussi rêvait d’Eldorado suivi de Pour jouer Lazare,  dessin de couverture et frontispice de Gauvin, collection "Théâtre en France"P. J. Oswald, janvier 1976. -94p.

Création à Paris, le 23 janvier 1976, au Théâtre Le Palace (direction Pierre Laville) ; mise en scène de Thierry Bosc ; assistant, Jean-Marie Rous ; musique de Sylvain Gaudelette ; décors,costumes, affiche de Gauvin ; réalisation des costumes, Agnès Hardy et Jacques-Henri Loubrieu ; construction, Daniel Soulié. Avec Michel Audebert (Domingo), Thierry Bosc (Le Togolais), Jacques Bryland (Antonio), Stephan Koziak (Pedro), Olivier Perrier (Lazare), Susy Rambaud (Inès).

Voici le compte-rendu de Michel Cournot, paru dans Le Monde du 30 janvier 1976. « Cette pièce de Jean-Pierre Sarrazac conte les tribulations d'un ouvrier espagnol qui s'exile dans l'espoir de trouver du travail. Malgré son nom et son prénom, ce Lazare n'a que très peu de points communs avec le héros misérable de la célèbre nouvelle espagnole du milieu du XVIe siècle les Aventures de Lazarille de Tormes, sinon que Lazare, au début de la pièce comme à la fin de la nouvelle, est crieur public et a épousé une servante de curé qui est peut-être plus que servante.Sarrazac, par une parabole picaresque, nous fait toucher le sort des travailleurs émigrés. Sans doute pour préserver l'inquiétude et le désarroi complets de son personnage, l'auteur s'est appliqué à couper court à tout allant scénique : le feu ne prend pas, la perception de la pièce est sous-tendue, le spectateur se trouve lui-même placé dans une situation difficile. Il y a là comme une épreuve pratique directe d'un empêchement de vivre. Jean-Pierre Sarrazac, pour ce faire, reste plus proche de la lecture, de la texture, d'un roman fouillé que d'une ligne épurée propre au théâtre. Et d'autre part, il livre son ouvrier émigré aux mains de malfaiteurs, eux-mêmes déboussolés, qui l'obligent à s'exhiber dans une foire, soi-disant comme un monstre-poisson. Alors nous touchons à une qualité d'horreur, d'absurde, qui traduit d'assez près tels aspects insensés du sous-prolétariat. Mais cette approche par l'absurde est difficile aussi. La mise en scène très imagée de Thierry Bosc, le bon travail des acteurs, Michel Audebert, Jacques Bryland, Stephen Koziak, et surtout un climat évident de bonne entente d'équipe, qui a pallié le manque d'argent par des inventions habiles, sympathiques, font que ce spectacle austère devient en fin de compte accessible.»

Voir aussi : Le bouc-émigrant, analyse de Jean Jourdheuil, parue dans Travail théâtral, n°23, avril-juin 1976, page 82 à 91 ; Lazare : notes de relecture de Bernard Faivre, in Études théâtrales 2013  / 1-2 (n° 56-57), pages 97 à 106.