La traversée de la nuit dense ou Les travailleurs africains en France - Cris rouges

Année de publication: 1972

 

NOKAN Zègoua                          La traversée de la nuit dense ou Les travailleurs africains en France suivi de Cris rouges, collection “Théâtre africain”, n°19,  P. J. Oswald, achevé d'imprimer en octobre 1972 par Daniel Chenel imprimeur à Honfleur. -73p.

Trois jeunes Africains, n'ayant aucun avenir, aucun espoir de travail à Tangouanan, décident d'aller en chercher en France. "Les bourgeois noirs parlent de culture nègre pour manger bien, pour avoir une place au soleil, à côté de leurs maîtres impérialistes / Ils ont des manoeuvres et de domestiques surexploités / Ils nous enveloppent de misère / Leur négritude ne nous dit pas (...)" Leurs familles, amis  se cotisent pour réunir l'argent et payer le pot de vin du fonctionnaire qui délivre les passeports, les frais de voyage. La deuxième partie de la pièce se déroule à Aubervilliers dans un foyer, sans électricité ni eau, où s'entassent une centaine d'Africains. Ils découvrent la misère. "Nous avons quitté la nuit pour nous trouver en une nuit plus sombre. "Adjè balaie les rues, Tassouma et Dramane travaillent en usine. Un tiers de leur salaire est envoyé au pays. Ils prennent des cours d'alphabétisation, se forment politiquement au contact d'étudiants africains et d'"intellectuels petits-bourgeois". Le poêle qu'ils ont installé au foyer pour lutter contre le froid va causer la mort de cinq d'entre eux. Au cours de l'enterrement au cimetière de Thiais, des ouvriers français  manifestent leur solidarité avec les travailleurs africains. Beaucoup d'années plus tard, Tassouma rentre au pays. "Nous sommes trente travailleurs et ex-étudiants africains parmi les voyageurs. Nous constituerons en Afrique un noyau. Nous travaillerons à la multiplication des clandestins jusqu'à ce que notre grande lutte soit déclenchée."

Comme dans le cas de Abraha Pokou, la pièce est suivie de Cris, un recueil de poèmes, fini d'écrire à Paris en décembre 1970. "Les jeunes, si nous ne bougeons pas, bousculez-nous pour aller de l'avant. / Nous n'avons pu faire la révolution, nous n'y travaillons presque plus. / Écrasez-nous pour aller de l'avant.  Nous sommes pareils à des feuilles mortes qui jonchent la voie. / Piétinez-nous pour aller de l'avant. / Vous n'aurez votre liberté qu'avec des bombes. / Devenez vent, tempête, ouragan; et balayez-nous."