Chant funèbre pour un soldat américain

Année de publication: 1972

 

BENEDETTO André             Chant funèbre pour un soldat américain, collection "Théâtre en France",  P. J. Oswald,  juin 1972. – 40p + 7 pages du cahier, photos de Frances Ashley + une page de partition, retranscription de deux chants de la femme vietnamienne.

Pièce créée le 1er juin 1972 à l’occasion de la journée de soutien aux peuples d’Indochine en lutte contre l’impérialisme. Cinq musiciens, un danseur, le couple vietnamien et le soldat américain.

« Hommes de sciences il faut découvrir le remède

Combattants et poètes il faut découvrir le remède

Hommes et femmes de la terre

Unissez-vous pour sauver de la mort

Les États-Unis d’Amérique

Qui vont mourir dans leur horreur

Et nous tous avec eux

Si nous les laissons faire »

La publication de Chant funèbre pour un soldat américain coïncide avec la réédition de Napalm, essence solidifiée à l'aide de palmitate de sodium.

 

Ci-dessous, un article de Martin Even, dans Le Monde du 27 juillet 1972. «  Le Grand Rapas des cannibales, un banquet où sont dépecés tous les colonisés du monde. En jeans, grattant la guitare, chantant des folk songs vengeurs, frappant sur des bidons multicolores, les comédiens de la Nouvelle Compagnie des Carmes sont les producteurs réels : ouvrier immigré, mineur de Lorraine, pêcheur du Pérou, bûcheron du Québec, etc. Ils se passent une veste et un chapeau pour devenir le multiple visage du faux producteur : le trust. Ils s'enferment dans des grosses têtes de carnaval recouvertes de journaux, de photos collées et vernies qui dessinent les stigmates de la vilenie des négriers passés et présents, militants et profiteurs du colonialisme, du néo-colonialisme, de l'exploitation des minorités. Ce sont toujours les mêmes : général, missionnaire, explorateur, fonctionnaire ; vulgarité triomphante et virilité en bandoulière, bons vivants à vomir avec leurs chansons à boire et leur paternalisme hypocrite. André Benedetto a écrit une sorte d'opérette - vers de mirliton, livret volontairement simple sur un propos schématique - jouée au premier degré avec une naïveté authentique qui fait le charme du spectacle. Il faut être soi-même naïf pour le goûter pleinement.  Le Chant funèbre pour un soldat américain  - que la Compagnie donne à 16 heures - est lié plus directement au talent de Benedetto pour exprimer sa souffrance, sa colère, ses déchirements. Chant funèbre, oratorio sur l'homme emprisonné, qui se cogne la tête contre les murs invisibles, qui est poussé au meurtre-suicide par les forces qui le dominent. »