Abraha Pokou ou Une grande africaine

Année de publication: 1970

 

NOKAN Charles          Abraha Pokou ou Une grande africaine (préface de Jacques Howlet), suivi de La voix grave d’Ophimoï, poème (avant-propos de Mikel Dufrenne), collection “Théâtre africain”, n°9,  P. J. Oswald, juillet 1970.    - 89p.

La deuxième pièce de Nokan éditée chez P. J. Oswald a pour personnage central une femme, "une grande africaine". La princesse Abraha Pokou n’accepte pas de vivre sous le règne du tyrannique Ouaré, arrivé au pouvoir en empoisonnant par traîtrise son frère Dakon. Elle persuade d’autres hommes et femmes libres ainsi que les esclaves d’émigrer pour fonder une nouvelle communauté fondée sur l’égalité de tous ses membres. Dans son avant-propos et dans l’épilogue de sa pièce, Nokan situe précisément cet épisode mythique de la naissance du peuple des Baoulés et le met en perspective.   « L'Afrique a connu des régimes féodaux. Ici, une caste faussement supérieure a exploité une prétendue caste inférieure et des esclaves. Là, même dans les sociétés quelque peu démocratiques, les hommes ont opprimé les femmes, les vieux, les jeunes. Les Européens, après la traite des noirs, instaurèrent la dictature des colons dans notre pays. À présent, règnent la bourgeoisie bureaucratique et son maître rapace, l’impérialisme. » « Nous suivrons la voie tracée par les bolcheviks et les Chinois par les guérilleros de la Sierra Maestra et les Vietnamiens. C’est la violence révolutionnaire qui fait du prolétaire un homme. C’est la violence qui restructure la société. Le socialisme naît des fusils et de la formation."

La voix grave d’Ophimoï est un recueil de poèmes. "Mon pays vient / d'accoucher d'une certaine indépendance. / Est-ce le crépuscule des colons et leurs collaborateurs ?"  "Je ne pleure plus Biaka Boda, Um Nyobé, Osendé Afana ; je brandis mon épée / Mon fusil crache une fumée jaune. / Je ne pleure plus Lumumba, Malcolm X, Ernesto Che Guevara, le grand N'Guyen Van Troï, / j'incendie la savane de misère."

En 2001, Abraha Pokou a été réédité par Présence africaine avec trois autres pièces de Nokan : Les malheurs de Tchakô, La traversée de la nuit dense, L'air doux de chez nous.